Depuis le lundi 12 mai dernier, environ 70 greffiers du ressort de la Cour d’appel de l’Ituri observent une grève sèche et illimitée, paralysant l’ensemble de l’appareil judiciaire dans la province. Ce mouvement de protestation déclenché à Bunia, dénonce des conditions de travail jugées indignes, et l’inaction persistante des autorités nationales face à des revendications anciennes.

Les grévistes exigent :
– Le paiement de plus de 150 mois d’arriérés de salaires, certains agents n’ayant jamais perçu de rémunération régulière depuis plus de dix ans ;
– Le versement des primes de prestation, dont ils sont privés depuis plusieurs années ;
– L’octroi de numéros matricules pour les nouvelles unités (NU), condition essentielle à leur reconnaissance en tant qu’agents de l’État ;
– L’avancement en grade, bloqué depuis plus d’une décennie, en violation de la législation qui prévoit une promotion tous les trois ans pour les agents de l’administration publique ;
– Le versement de la rétrocession, que l’État n’a pas honoré depuis plusieurs exercices.
En les écoutant, les greffiers de l’Ituri déplorent le silence persistant des autorités face à leurs multiples revendications. Ils souligne que certains greffiers cumulent plus de trente ans de service sans jamais avoir été rémunérés, malgré la richesse générée par la province, dont la rétrocession reste inexistante.
La grève a des conséquences immédiates sur le fonctionnement de la justice en Ituri. Les tribunaux ne peuvent siéger sans la présence des greffiers, ce qui pénalise gravement les justiciables. Des voix s’élèvent pour réclamer une intervention rapide des autorités afin de débloquer la situation, et permettre la reprise du traitement des dossiers en souffrance.
Les grévistes appellent le gouvernement congolais à travers les ministères concernés, à répondre sans délai à leurs revendications, faute de quoi ils menacent de maintenir leur mouvement jusqu’à satisfaction complète.
Cette paralysie intervient dans une région où les contentieux fonciers et sécuritaires exigent pourtant une justice réactive. Les greffiers, rouage essentiel de la machine judiciaire, rappellent par leur absence que sans moyens humains décents, l’État de droit reste une chimère. L’administration centrale, silencieuse à ce stade, devra trancher : négocier sous la pression ou risquer un enlisement aux conséquences politiques imprévisibles .
Héritier Ramazani