Une nouvelle forme d’insécurité sanitaire inquiète les autorités médicales dans la région de Kpandroma, située dans le secteur des Walendu Pitsi en territoire de Djugu (Ituri). Il s’agit de la montée alarmante des cas d’avortements clandestins chez les jeunes filles.
Ce lundi 09 juin, le médecin directeur de l’Hôpital général de référence de Rethy, Dr Dhena Nyiba Albert a confirmé cette situation préoccupante. Selon lui, cinq cas d’avortement ont été enregistrés au cours du seul mois écoulé, avec un bilan de trois décès et deux survivantes.
« Cette situation est préoccupante. C’est une forme d’insécurité sanitaire qui met en danger la vie de nos jeunes filles. Il est urgent que toutes les couches sociales s’impliquent pour endiguer ce phénomène », a déclaré Dr Dhena Nyiba.
Le médecin en appelle à des actions concertées : sensibilisation communautaire, éducation sexuelle, dialogue entre parents et enfants, ainsi qu’un meilleur accès aux services de santé reproductive. Selon lui, seule une mobilisation collective permettra de sauver des vies, et d’éviter de nouveaux drames.
Derrière ces chiffres alarmants se cachent des réalités douloureuses. La majorité des jeunes filles concernées sont des adolescentes issues de milieux défavorisés, souvent livrées à elles-mêmes, sans éducation suffisante sur la sexualité ni accès aux services de planification familiale. La peur du jugement social ou familial pousse certaines à recourir à des méthodes dangereuses, pratiquées dans la clandestinité.
Sur le terrain, plusieurs acteurs de la société civile expriment leur inquiétude face au silence qui entoure ce phénomène. Pour eux, le tabou autour de la sexualité des jeunes filles contribue à cette situation dramatique.
« Il est temps de briser ce silence. Il faut parler avec nos filles, les éduquer, les écouter. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra prévenir ces drames », déclare une militante des droits des femmes à Kpandroma, sous anonymat.
Par ailleurs, le manque d’infrastructures de santé accessibles et de personnel qualifié dans les zones rurales accentue la vulnérabilité des adolescentes. Certaines doivent parcourir plusieurs kilomètres pour consulter un professionnel, ce qui les dissuade souvent de chercher de l’aide à temps.
Les autorités locales sont appelées à prendre des mesures urgentes, notamment en soutenant les campagnes de sensibilisation, en renforçant l’éducation à la santé reproductive dans les écoles et en facilitant l’accès aux contraceptifs modernes.
Alors que la région de Djugu fait face depuis des années à une instabilité sécuritaire due aux conflits armés, cette crise sanitaire silencieuse appelle à une attention tout aussi prioritaire car protéger la santé et la vie des jeunes filles, c’est aussi investir dans l’avenir de toute la communauté.
Rédaction