Sur l’axe Goma-Butembo, les chauffeurs de camions dénoncent les tracasseries persistantes et une double imposition douanière, qui asphyxient l’activité économique et met leur patience à rude épreuve.
Le point de friction le plus brûlant se situe à Musienene : les camions en provenance de Goma qui se dirigeant vers Butembo, y sont régulièrement interceptés par l’auditorat militaire. Ces arrêts forcés ne sont pas de brèves formalités : ils peuvent durer plusieurs heures, allant parfois jusqu’à obliger les chauffeurs à passer la nuit entière sur place.
Un chauffeur, sous couvert d’anonymat, l’exprime sans détour à nos confrères de EKA news : « Kama hausimuliye bien na mukubwa, gari ita lala hapa » (si vous ne négociez pas bien avec le chef, le camion peut passer la nuit ici, Ndlr). Cette situation est perçue comme un contrôle douanier déguisé, suggérant que les arrêts visent davantage à soutirer des fonds qu’à assurer un contrôle légitime.
Escorte militaire et double taxation à Butembo
Après avoir franchi l’obstacle de Musienene, les véhicules ne sont pas libres de leur mouvement. Ils sont escortés par des militaires sur les quelques 17 kilomètres restants jusqu’à Butembo. Là, ils sont soumis à un contrôle approfondi auprès des services douaniers et contraints de procéder au paiement des taxes officielles. Pour couronner le tout, les frais de retour de l’escorte sont à la charge des transporteurs.
Le nouveau régime d’importation
La Direction provinciale de la DGDA (Direction générale des douanes et accises) a émis une note, datée du 28 février, qui instruisait ses entités à considérer toute marchandise provenant des zones occupées par les rebelles du M23 comme une nouvelle importation.
Concrètement, cela signifie l’application d’une procédure de déclaration complète. La DGDA a ainsi suspendu jusqu’à nouvel ordre, le régime douanier de réimportation en l’état des marchandises issues des territoires sous contrôle rebelle. Bien qu’officiellement destinée à encadrer les flux provenant de ces zones, cette mesure ajoute une complexité administrative et financière significative.
Double imposition
La principale plainte des camionneurs depuis la réouverture de l’axe Goma-Butembo, est l’instauration d’une double imposition douanière. Ils sont pris en étau entre les taxes exigées par les autorités gouvernementales (au sein du territoire contrôlé par l’État) et celles imposées par les rebelles du M23 (dans les zones qu’ils contrôlent). Payer les taxes des rebelles pour circuler dans leur zone, puis être soumis à une nouvelle importation et au paiement des taxes de l’État pour continuer le trajet, rend l’opération commercialement intenable.
Les tracasseries ne s’arrêtent pas à Musienene. Les transporteurs fustigent également les blocages persistants à Kyambogho, où un poste de la Police de circulation routière (PCR) reste actif, constituant un autre goulot d’étranglement sur cette route stratégique pour l’économie du Nord-Kivu.
La Rédaction